C’est vrai que les enfants vont grandir en adoptant un comportement différencié suivant qu’ils sont un garçon ou une fille. Oui, les filles sont souvent plus propres et soigneuses et ont des compétences verbales plus développées que leurs camarades de sexe masculin. Oui, les garçons sont la plupart du temps plus turbulents et font davantage usage de leur force. Mais ces comportements différents n’ont pas une origine naturelle.

Lorsque l’on se penche sur les différentes institutions en charge des enfants et des jeunes (famille, crèche, école, formation professionnelle) ou que l’on analyse les médias qui s’adressent à eux (littérature enfantine, dessins animés, manuels scolaires…) ainsi que les clichés sexués qu’ils véhiculent, on constate que c’est l’éducation reçue (les jeux qu’on leur offrira, les sports vers lesquels on les pousse, l’orientation scolaire qu’ils choisissent…) qui fait qu’un enfant va se conformer aux représentations stéréotypées du masculin et du féminin.

Progressivement, les styles de comportements adoptés par les filles et les garçons diffèrent, les enfants se calquant au modèle majoritaire. Les garçons fonctionnent ainsi par compétition, de manière autonome, tandis que les filles suivent un modèle plus coopératif, ont des jeux calmes et se tournent vers l’adulte en cas de besoin. C’est pour cela que leurs intérêts deviennent effectivement différents. Et c’est pourquoi on ne peut nier les différences entre les sexes.

C’est le serpent qui se mord la queue. On met les enfants sur des rails sexués: plutôt que de leur permettre de développer leur potentiel librement, on les cloisonne dans des stéréotypes de genre et des codes sexués. Ces différences entre les sexes ne sont donc ni naturelles ni immuables. C’est notre société qui les crée et les auto-entretient, notamment parce qu’il est très difficile pour un enfant de sortir des sentiers battus et des représentations dominantes, comme le montrent les phases de rigidité pendant la petite enfance et à l’adolescence.