Toutes ces déclinaisons de jouets montrent bien que, selon le sexe de l’enfant, des modèles (et un avenir) tout à fait différents sont proposés. Or chaque catégorie de jouets va engendrer des compétences différentes, que les adultes vont également renforcer.
Les garçons vont davantage être axés sur la résolution de problèmes. À partir d’une boîte pleine de pièces, ils vont construire quelque chose. Le jeu a donc un début et une fin, associée à la réussite. C’est pour cela que les adultes sont attentifs au fait qu’ils aillent au bout du jeu. En outre, la manipulation dans l’espace en deux ou trois dimensions permet aux garçons de développer un feed-back par rapport au monde physique et, en conséquence, des compétences techniques et spatiales.
De leur côté, les filles sont davantage dans la coopération et l’imitation. Il n’est pas ici question de début ou de fin de jeu: on imite papa et maman faire les courses, une tâche de la vie courante qui peut être répétée indéfiniment. Jouer à la dînette, tenir une petite épicerie avec une caisse enregistreuse, ce n’est pas très drôle si on est seul. On y joue donc à plusieurs, entre enfants ou avec les adultes. C’est l’occasion pour les petites filles de s’exprimer, d’entendre l’autre parler, d’être à l’écoute, mais aussi pour l’adulte de corriger l’enfant par rapport à l’utilisation de la langue française. Le tout développe donc des compétences verbales.
Ce n’est donc pas pour rien que l’on dit que les garçons sont plus scientifiques et techniques et que les filles sont plus littéraires. La socialisation, en ce qu’elle est différenciée, participe beaucoup de ce phénomène – et cela commence dès le berceau avec les jouets que l’on offre à l’enfant. Le monde des jouets n’est donc pas uniquement ludique: dans les rayons et les pages des catalogues se cache une influence sur les compétences que chaque enfant développera et le champ des possibles qui s’ouvrira à lui à l’âge adulte.