Durant les premières années de sa vie, un enfant est convaincu que le fait d’être un garçon ou une fille dépend de signes extérieurs, les principaux étant la longueur des cheveux, les vêtements portés et les jouets préférés. Ces signes, l’enfant va les utiliser pour montrer aux autres qu’il est une fille ou un garçon, pour affirmer son identité sexuée: dans sa tête, il est fondamental que les autres ne se trompent pas sur ce qu’il est. C’est pour cela qu’à un certain âge les petites filles vont vouloir s’habiller en rose ou les petits garçons se couper les cheveux, pour éviter que leurs petits copains leur demandent s’ils sont une fille ou un garçon.

Comme, aujourd’hui, même pour les habits des nourrissons, les rayons sont clairement sexués (couleurs spécifiques pour chaque sexe, dentelles et petites fleurs brodées pour les filles vs super-héros imprimés pour les garçons), la tendance est renforcée. Pour Lola, le choix est clair: soit elle opte pour le rose, la couleur des filles, soit elle aura un pull Spiderman sur le dos et sera donc prise pour un garçon. Le sweat aura beau être uni, donc neutre selon nos critères adultes, s'il est bleu marine, il sera étiqueté comme un pull de garçon par la petite fille, car elle aura intégré l’androcentrisme de notre société (comme pour le langage, ce qui est neutre est identifié comme masculin).

Ainsi, l’enfant qui cherche à se positionner à travers des codes sexués, que sont les coiffures, les vêtements, les jouets et les sports pratiqués, aura tendance à rejeter tout ce qu’il considère comme symbole du sexe opposé et préfèrera la version de son sexe. Plus c’est identifié fille ou garçon, même outrageusement, mieux c’est pour lui.

Mais, s’il est important pour l’enfant de mettre en évidence son appartenance à son sexe, il faut savoir y poser des limites. Pas besoin d’indices sexués sur tous les vêtements que l’enfant porte. Il y a 20 ou 30 ans, les habits des jeunes enfants étaient identiques: ils étaient tous vêtus pareil et cela ne les a pas empêchés de construire correctement leur identité sexuée. Alors, même si l’enfant le réclame, les indices n’ont pas besoin d’être multipliés: plutôt que la Barbie imprimée sur le T-shirt et le pull-over, une jupe rose et un collant à fleurs, les cheveux longs et le serre-tête suffisent. Même si on constate qu’à l’heure actuelle, sous l’influence du marketing, les parents tiennent toujours plus à marquer la différence des sexes.