Il est vrai que le vestiaire actuel des enfants ne propose que peu d’habits unisexes. Certes, les enfants, filles ou garçons, peuvent tous revêtir des pantalons, des jeans, des baskets, des T-shirts et des pulls. Mais le marketing a modulé ces vêtements suivant le sexe, en proposant à la vente des couleurs et des formes différentes, les unes associées aux filles et les autres aux garçons.

Des couleurs pour les garçons et d’autres pour les filles

Aux garçons les couleurs unies et foncées. Et une gamme de couleurs plus restreinte que pour les filles, allant du rouge au bleu en passant par le vert kaki, le blanc et le noir et parfois l’orange et le jaune. Quant aux motifs, ils proviennent majoritairement du monde de l’aventure, du sport, de la technique ou des super-héros.

Pour les filles, toutes les couleurs et tous les tons sont possibles. Mais les motifs seront tirés principalement du monde végétal (fleurs) ou de personnages fictionnels féminins. Et les vêtements seront souvent accessoirisés avec des broderies, froufrous et autres dentelles.

Des formes différentes de vêtements

Quant à la forme des vêtements en tant que telle, on constate que les jeans et T-shirts féminins sont plus collés au corps et que le col a un arrondi plus profond, pour ne pas dire plus échancré. Les fermetures sont aussi plus pratiques pour les garçons (ouverture devant, zip et velcro) que pour les filles (boutonnière dans le dos, attache à faire nouer par un parent à l’arrière).

Sans oublier que l’on peut observer depuis quelque temps des vêtements sursexualisés pour les fillettes: les marques proposaient déjà des collants, des jeans taille basse et des T-shirts où l’on voit le nombril ; elles ont maintenant développé des sous-vêtements pour petites filles (string, soutien-gorge push-up) et des chaussures à talons hauts en mousse pour bébés. Devant cette hypersexualisation du corps de l’enfant, les parents ont poussé des cris d’orfraie et ont fait pression pour que les enseignes retirent de la vente ces pièces osées.

Cela ne doit pas nous faire oublier les conséquences des vêtements sexués (et non sexualisés). Car la différenciation des habits suivant le sexe a une implication sur le degré d’autonomie des enfants. En effet, il est plus facile de s’habiller, de marcher et même d’explorer le monde à quatre pattes avec des vêtements piochés dans les rayons pour garçons qu’en étant revêtu de ceux vendus dans les rayons filles.

Les habits pour filles, avec leurs décorations fragiles, sont perçus comme plus délicats. En conséquence, les adultes ont tendance à demander aux filles d’être plus soigneuses, de manger proprement et de ne pas grimper aux arbres pour ne pas salir leur belle robe. Tandis que si un garçon revient avec de la boue sur les genoux, on va se dire qu’il s’est bien dépensé.

On ne peut donc que constater que la différenciation entre les habits ne fait que renforcer les stéréotypes: l’être et l’agir pour les garçons, qui auraient tendance à être dissipés; le paraître pour les filles, qui seraient moins actives et plus minutieuses.