Comment les enfants construisent-ils leur réseau de connaissances à propos du masculin et du féminin? C’est une vaste question.
Pour faire court, les enfants ont besoin de dichotomiser le monde en deux catégories, le masculin et le féminin, et ce dès la naissance, pour mieux le comprendre et l’appréhender. Ils observent autour d’eux les différents objets, comportements, activités et même émotions. Si, statistiquement, ces comportements sont davantage liés au sexe masculin ou sexe féminin, ils vont inconsciemment les étiqueter comme appartenant au masculin ou au féminin.
Par exemple, le fait de manger étant exercé aussi souvent par les hommes que par les femmes, les enfants vont classer cette activité comme neutre, puisqu’elle est effectuée par tout le monde. En revanche, si un comportement est très souvent reproduit par des hommes/garçons et peu souvent par des femmes/filles, alors ils l’étiquetteront comme masculin. Et inversement.
Ce réseau de connaissances leur permettant d’étiqueter ce qui les entoure comme étant masculin ou féminin, les enfants se le construisent en observant la réalité: leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs copains et copines à la crèche, le personnel éducatif, etc. Mais ils vont aussi tenir compte des représentations de la réalité que leur fournissent les albums illustrés, les publicités, les dessins animés, les jouets pour enfants. Pour eux, ces modèles sont tout aussi réels que les personnes de leur entourage.
C’est paradoxal pour les parents, qui sont convaincus que le modèle vivant est plus important pour l’enfant, puisqu’il est plus proche émotionnellement. Mais, pour le sexe, ce n’est pas le cas: l’enfant se raccroche à une vision quantitative et non affective.
C’est pour cela que les représentations de la réalité transmises par les publicités, les catalogues de jouets, les livres illustrés ou les dessins animés sont massivement utilisées par les enfants. Parce que, d’un point de vue quantitatif, ils ont accès à beaucoup plus de personnages fictifs différents et donc à davantage de modèles sexués que dans la «vraie vie».
Max n’a peut-être jamais vu de pompier de sa vie, mais il en a rencontré plus d’un dans la littérature enfantine; or le personnage du pompier dans un livre pour enfant est quasi toujours un homme. Max s’est aussi rendu compte que le camion de pompier se trouvait dans les pages et les rayons garçon des catalogues et magasins de jouets. Il a donc associé le pompier à un modèle masculin, en termes quantitatifs et statistiques. C’est pour cela que, pour lui, pompier est un métier pour les hommes.