Dès leur plus jeune âge, les enfants mettent des étiquettes sexuées sur les différents éléments de leur environnement: les jouets, les activités, les sports, les professions et les comportements. Vers 2-3 ans, ils ont acquis des représentations sexuées qu’ils utilisent massivement dans leur décryptage du monde: même s’ils n’en ont jamais vu en vrai, ils vont pouvoir dire que pompier ou mécanicien est un métier d’homme et qu’infirmière et institutrice sont des métiers de femmes, parce que statistiquement parlant ce sont des professions davantage exercées par un sexe.

Ce réseau d’analyse sexuée du monde, ils vont l’adopter et l’appliquer dans les moindres détails à leurs jouets, leurs loisirs, et même leurs émotions: ils savent que le défaut d’une fille est d’être une pipelette et celui d’un garçon est d’être trop agité, et se comporteront en conséquence. Les enfants finissent ainsi par ressembler à des stéréotypes de genre.

Ainsi, bien qu’il n’existe pas de jeux pour filles et de jeux pour garçons et que la préférence pour un jeu n’est pas liée au sexe sur le plan biologique, les jeunes enfants restent convaincus que ce sont les activités qui font le sexe. Ils vont donc se restreindre à celles qui sont assignées à leur sexe et éviter celles du sexe opposé, même si elles les attirent. Dès 3-4 ans, les garçons éviteront donc le coin poupées ou dînette à l’école, car ce sont des jeux qu’ils retrouvent dans le rayon «filles» des magasins de jouets et qu’ils associent au sexe opposé.

Or, à l’âge où la plasticité du cerveau est importante, plus l’enfant aura des activités et jeux différents, plus il développera un éventail de compétences et d’émotions qui lui seront utiles à l’âge adulte. Il est réducteur de laisser les enfants jouer à une palette limitée de jeux. L’objectif est qu’ils aient le plus de cordes possible à leur arc. Jouer à la poupée ou à la dînette, ce n’est pas pour les filles: c’est une activité où les enfants imitent leurs parents et développent des aptitudes, émotionnelles ou des savoir-faire, comme l’attention, l’habileté et la compassion, valables et utiles pour les filles comme pour les garçons.