Avoir un trouble de l’identité sexuée, être homosexuel·le ou être un garçon manqué / une fille manquée sont des situations qui n’ont rien à voir. Il ne faut pas confondre homosexualité et identité sexuée – même si les associations LGBT mettent sur le même plan les revendications d’égalité pour les lesbiennes, gays et bi et pour les personnes transsexuelles. L’orientation sexuelle se découvre à la puberté et aucune recherche n’a démontré que le fait de jouer avec les objets dits du sexe opposé était une manifestation d’homosexualité.
Quant à la transsexualité, bien sûr, les enfants qui ont un trouble de l’identité sexuée vont se comporter davantage comme les enfants du sexe opposé, préférer porter des vêtements dont les couleurs sont étiquetées du sexe opposé ou jouer avec les jeux et les enfants de l'autre sexe. Mais c’est bien plus profond: l’enfant est convaincu d’être dans la mauvaise enveloppe corporelle et il en souffre.
Les origines de ce trouble sont difficiles à cerner. Les études menées sur des transsexuels adultes avant opération ainsi que la comparaison des études de cas portant sur les enfants font porter le chapeau à la mère – comme beaucoup d’études psychologiques, rien n’a été cherché du côté du père. Dans la majeure partie des cas, ces troubles proviendraient du fait que la mère, lorsqu’elle était enceinte mais aussi après l’accouchement, n’a pas réussi à faire le deuil du sexe idéal de l’enfant. Elle continuerait alors, de manière pathologique, de projeter sur l’enfant le sexe qu’elle désire ardemment.
Il ne s’agit pas juste d’offrir un train électrique à sa petite fille ou un poupon à son petit garçon. Dans la tête de ces mères, l’enfant est vraiment du sexe opposé. Elles nient son sexe véritable, parfois en habillant leur petit garçon en robe. En retour, l’enfant construira avec difficulté son identité sexuée. Car c’est bien l’assignation du sexe, le sexe que l’on projette sur eux qui fait que ces enfants se pensent fille ou garçon.
D’autres cliniciens ont souligné que les mutations sociales et le changement des rapports hommes-femmes entraînaient des troubles des repères identitaires et, par conséquent, une augmentation des troubles de l’identité sexuée chez les garçons. Certes, ce trouble concerne 2% de la population et environ sept garçons pour une fille, donc une large majorité de garçons.
Mais il faut rappeler que, durant l’enfance, les filles peuvent avoir accès aux activités masculines, plus valorisées, sans souffrir de pertes de repères identitaires, tandis que les garçons restent nettement moins autorisés que les filles à pratiquer les activités du sexe opposé. D’autant plus que, dès qu’ils souhaitent tester les jeux féminins, on se pose tout de suite la question de leur sexualité future! Et ce alors que l’activité symbolique, comme le fait de se mettre dans la peau de papa ou maman en pouponnant un baigneur en plastique, n’est pas réservée aux petites filles mais est bénéfique au développement de l’enfant, quel que soit son sexe.