Ce phé­no­mène est tout à fait nor­mal! Même si les en­fants ont des frères et sœurs avec qui ils ont déjà pris un bain ou qu’ils ont déjà vu leurs pa­rents tout nus, ils res­tent convain­cus que ce sont la lon­gueur des che­veux ou les vê­te­ments por­tés, soit des in­dices so­cio­cul­tu­rels, qui font le sexe. Ce n’est pas parce qu’ils voient la «zé­zette» de la pe­tite co­pine qu’ils se disent que c’est une fille.

Ce phé­no­mène a été illus­tré par le test de constance de genre. Ce test, scien­ti­fique, montre à des jeunes en­fants des pho­tos de deux en­fants, une fille et un gar­çon âgés de 2 ans, ap­pe­lés Niki et Kim, soit des pré­noms mixtes, dans trois si­tua­tions dif­fé­rentes:

  • tout nu,
  • avec des vê­te­ments et ac­ces­soires de son propre sexe,
  • avec des vê­te­ments et ac­ces­soires du sexe op­posé.

Pour les vê­te­ments et ac­ces­soires des filles, un T-shirt rose, une robe à bre­telles, un dia­dème dans les che­veux, une pou­pée. Pour les gar­çons, une cas­quette à l’en­vers, un short mi­li­taire, un T-shirt kaki, un bal­lon. Soit des vê­te­ments et ac­ces­soires très sté­réo­ty­pés.

L’ex­pé­ri­men­ta­teur parle de Niki et Kim à l’en­fant, lui dit qu’ils se sont amu­sés à se dé­gui­ser, qu’ils ont pris des pho­tos qu’il va lui mon­trer et qu’il lui po­sera quelques ques­tions au sujet de ces por­traits. Il lui pré­sente le cli­ché d’un des en­fants tout nu, lui de­mande de bien la re­gar­der et lui pose la ques­tion: «Est-ce que c’est un gar­çon ou une fille?» L’en­fant ré­pond et jus­ti­fie sa ré­ponse. Puis l’ex­pé­ri­men­ta­teur laisse la pre­mière photo sur la table et lui montre la photo du même en­fant, ha­billé avec des vê­te­ments du sexe op­posé. Il de­mande à l’en­fant: «Niki res­semble à une fille ou à un gar­çon? Et pour de vrai c’est une fille ou un gar­çon?» Il en va de même pour la troi­sième photo, où l’en­fant revêt cette fois des ha­bits de son propre sexe. Ce test a été re­pro­duit sur des en­fants de 3 à 5 ans avec des pho­tos de fi­gu­rants plus âgés ayant re­vêtu des ha­bits et des ac­ces­soires du sexe op­posé.

Quand l’en­fant n’a pas at­teint la constance de genre, il dira pour la pre­mière photo que Niki est un gar­çon, parce qu’il a les che­veux courts. Pour la deuxième, que Niki res­semble à une fille, parce qu’elle porte une robe et un dia­dème dans les che­veux, et que pour de vrai c’est aussi une fille, et ce même si la pre­mière photo, où l'en­fant est nu, est tou­jours vi­sible sur la table. La troi­sième photo lui fera dire que Niki res­semble à un gar­çon et est donc un gar­çon pour de vrai, puis­qu’il joue avec un bal­lon de foot. L’en­fant ne fait alors pas la dif­fé­rence: le dé­gui­se­ment de­vient réa­lité.

Pour que l’on consi­dère que l’en­fant a ter­miné sa construc­tion iden­ti­taire, il faut qu’il ait ré­pondu cor­rec­te­ment à toutes les ques­tions, pour les trois pho­tos de la pe­tite fille et du petit gar­çon. Ainsi, il aura mon­tré qu’il est ca­pable de dé­ter­mi­ner le sexe d’une per­sonne à par­tir de l’ap­pa­reil gé­ni­tal et de gé­né­ra­li­ser ce constat de ma­nière consis­tante.